Deux fauves : deux frères ?
Deux fauves , Deux frères. Cette punchline signée PNL, les deux frères iconiques du rap français, résume à merveille une tendance de plus en plus présente chez les rappeurs : former un duo avec son frangin. Une tendance qui a pris de l'envergure ces dernières années avec les succès notamment de Dja Dja et Dinaz, Big Flo et Oli ou encore Mekra et Framal, qui accompagnent Nekfeu et 2zer Washington dans le groupe S-Crew. Et les exemples ne manquent pas tant ils sont nombreux à avoir choisi le lien familial pour se lancer dans la musique urbaine : Hayce Lemsi s'est aussi uni avec son frère, Volts Face, pour former les Frères Lumières. Le frère devient le compagnon idéal de la rime, du flow et de la punchline. Une symbiose à la fois naturelle mais aussi stratégique qui permet de mieux s'identifier auprès du public .
Une fraternité stratégique
À l'heure où les featurings sont légions pour diversifier les flows et associer des styles plus ou moins différents, rapper avec son frère apporte une richesse supplémentaire et un relief important dans l'enchaînement des paroles et la structure du son. Big Flo et Oli , qui ont pénétré le monde du rap en participant à Rap Contenders, débitent leurs paroles avec une aisance naturelle et une alchimie fascinante qu'ils donnent l'impression de ne faire qu'un. Avec un style naturellement proche, ils ont su se mettre au diapason l'un l'autre pour côtoyer les sommets du rap français. Même son de cloche chez les deux frères des Tarterêts dans l'Essonne, Ademo et Nos, qui ont su forgé leur empreinte à travers leur duo de renom et qui n'hésitent pas à retranscrire les liens fraternels qui les unissent dans leurs textes. Tout comme les rappeurs de Toulouse et du 91 , Dja Dja et Dinaz ont conquis le public en créant une synergie rythmique sans équivoque. Une partie de ping pong où deux artistes se renvoient les paroles qui dynamisent la musique à travers des ruptures dans les paroles et des enchaînements refrain/couplet qui structurent le son. Le revers de la médaille de ces duos, c'est le public qui ne différencie pas les deux frères comme le résume BigFlo dans le documentaire Presque Trop diffusé sur Netflix : « Des gens prennent des photos avec moi et me disent « Merci Oli ». Même son de cloche chez Dja Dja et Dinaz qui provoquent la confusion chez certains auditeurs.
Les frères cachés
À côté de ces associations fraternelles, il y a les frères dits « solos » : ces rappeurs de grande envergure dont le petit frère essaie de marcher sur leurs pas.
Lafouine avec Canard , Gims avec Dadju ou encore Rohff avec TLF, ces têtes d'affiche ont connu le succès avant que le public ne découvre leurs petits frères émergents qui veulent dépasser le plus grand. Une aubaine selon certains qui jouissent de l'appellation de « frère de », un poids lourd pour d'autres qui sont sans cesse soumis à la comparaison avec l'aîné. Surtout quand le petit frère décide de se faire tout seul sans être projeter par son grand frère. Cependant , cela n'empêche pas les feats à l'instar de Lafouine qui a posé avec Canardo en 2009 sur Hamdullah ça va ou de Maître Gims avec Dadju sur le son Ma Fierté (en featuring avec Alonzo). À l'heure où le rap français connaît de grands bouleversements avec des artistes qui émergent à chaque moment, rappel avec son frère offre également l'opportunité de se lancer en solo et créer une nouvelle dynamique pour sa carrière.